La Semaine de la Mode de Paris est souvent un moment où les créateurs de mode cherchent à transcender les limites des vêtements pour jouer avec les identités et les rôles. Lors de la finale de l’édition printemps/été 2025, plusieurs grandes maisons de couture ont utilisé la mode pour évoquer des personnages, des récits et des esthétiques qui plongent dans l’imaginaire collectif. Chanel, Miu Miu, Coperni et Louis Vuitton ont chacun présenté des collections où les vêtements deviennent des outils pour façonner et exprimer des personnalités distinctes.
Chez Chanel, le retour au Grand Palais a marqué un moment de renouveau, malgré l’absence d’un directeur créatif permanent. La collection, conçue par l’équipe interne, a offert une approche plus légère et décontractée. Les tailleurs en tweed, emblème de la maison, étaient réinterprétés dans des coupes plus fluides et des tissus plus légers, tandis que le denim et les tissus transparents ajoutaient une touche de modernité. Le décor, une immense cage d’oiseau blanche ornée des emblèmes Chanel, symbolisait une libération et un envol vers une nouvelle ère pour la marque. Les vêtements, bien que luxueux, étaient destinés à être portés dans la vie quotidienne, évoquant le sportswear et la liberté de mouvement.
Miuccia Prada, chez Miu Miu, a quant à elle plongé dans l’idée du désordre contrôlé. Sa collection jouait sur les gestes du quotidien, comme porter ses vêtements de manière « incorrecte » – des robes en lin avec des pulls noués autour de la taille, ou des bretelles qui semblaient glisser des épaules. Ces détails, loin d’être maladroits, ajoutaient au charme décalé de la collection, représentant ces femmes qui, dans le chaos de la vie urbaine, restent élégantes malgré leur allure déstructurée. Prada a également intégré des éléments de mode plus classiques, avec des jupes en cuir synthétique et des vestes courtes aux couleurs vives, rappelant les tendances des années 2000.
Louis Vuitton, dirigé par Nicolas Ghesquière, a poursuivi son exploration du « soft power » à travers des vêtements qui mélangent les époques et les styles. Des vestes bouffantes inspirées de la Renaissance étaient associées à des shorts sportifs et des baskets hybrides, symbolisant la rencontre entre le passé et le présent. Ghesquière a également introduit des capes et des manteaux oversize, des pièces conçues pour des super-héroïnes modernes qui naviguent dans les villes avec confiance et élégance. Cette juxtaposition d’éléments contradictoires – des pantalons à une seule jambe, par exemple – contribuait à souligner le pouvoir subtil de la mode de créer des dialogues visuels inattendus.
Enfin, Coperni, avec son show spectaculaire organisé à Disneyland Paris, a clôturé la semaine avec une touche de féérie. Les créateurs Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant ont transformé les personnages de l’univers Disney en figures de mode contemporaines, tout en conservant l’essence ludique et magique des contes de fées. Les modèles défilaient devant le château emblématique du parc, habillés de créations qui évoquaient les princesses, les méchants et les sirènes. Bien que certaines références aux personnages Disney étaient évidentes, comme les t-shirts Mickey ou les silhouettes inspirées de Maléfique, la majorité des pièces étaient subtiles et portables, prouvant que même la mode fantastique peut être intégrée dans la vie réelle.
Ces collections, bien que très différentes dans leur esthétique, avaient toutes en commun l’idée que les vêtements ne sont pas simplement des objets fonctionnels, mais des moyens de s’exprimer, de jouer des rôles et de se réinventer. En fin de compte, la mode de la semaine de Paris a rappelé que, quelle que soit la réalité de la vie quotidienne, il est toujours possible de s’évader et de s’amuser à travers les vêtements que l’on choisit de porter.
